Dans le « plan des innovations pédagogiques et digitales » en vigueur chez Safran University, la sélection et le déploiement d’outils auteurs à même de répondre à des nouvelles problématiques de formation est une mission permanente. La préférence est donnée, chaque fois que possible, à des outils simples d’usage pour les salariés qui sont engagés dans la création et la transmission de leur expertise. Les outils dédiés à la production d’apprentissages immersifs ne font pas exception.
Rappel sur la contextualisation des apprentissages et la « pédagogie des lieux »
Chaque lieu, chaque environnement de travail a ses caractéristiques, selon le type d’établissement dans lequel on travaille. Sur un site de production, par exemple, l’environnement sera caractérisé par des « lignes de production » jalonnées de nombreuses machines ; dans pareil environnement, on sait que la connaissance et le respect des mesures en matière de santé et sécurité s’imposent rigoureusement. Le service formation aura donc tout intérêt à mettre en œuvre ce qu’on qualifiera de « pédagogie des lieux » : la prise en compte (physique, ou, de plus en plus souvent, virtuelle) du lieu de travail ouvre un vaste champ d’opportunités ; notamment dans la conception de dispositifs pédagogiques « contextualisés » visant à plonger l’apprenant dans un lieu virtuel mais familier, par l’activation de dispositifs fortement interactifs, dans un cadre sécurisé où la prise de risques et les erreurs sont envisageables.
Captation 360° : approche frugale des apprentissages immersifs
La « pédagogie des lieux » sera donc au cœur d'apprentissages immersifs virtuels dans lesquels l’apprenant peut évoluer et interagir dans un environnement entièrement virtuel fondé sur des dispositifs de réalité virtuelle (RV) ou de réalité augmentée (RA), voire des deux. Dans ce cadre, la captation 360°, même avec les limites qu’on lui connaît (dans les déplacements et l’interactivité), constitue une alternative valable, car elle propulse des solutions pédagogiques simples à implémenter (favorisant l’autonomie locale), frugales et faciles à reproduire / répéter.
Les équipes formation, voire les experts de terrain, peuvent ainsi bénéficier d’une large autonomie dans l’élaboration de solutions ludiques et interactives aptes à mobiliser l’attention des apprenants en les immergeant dans une expérience d’apprentissage engageante. Simplicité et autonomisation résultent de l’usage d’outils auteurs que les salariés « transmetteurs de savoir » peuvent rapidement s’approprier, qu’ils exercent dans l’université ou dans les filiales du Groupe (la réalisation des captations 360° sera un plaisir pour la plupart !). L’ingénierie (toujours interne) visera à « scénariser » et à « contextualiser » les lieux sous le double signe de la progressivité et de l’interactivité, et dans des formats diversifiés (introduction, points d’arrêt, vidéos, quiz, objets 3D, issus ou non de templates préexistants, etc.). Quant à la frugalité, elle est garantie par cette approche « low cost » de l’apprentissage immersif, ce qui permet de ménager des budgets d’innovation loin d’être extensibles ! On notera enfin que cette démarche est nettement plus simple à reproduire que la réalisation d’un dispositif de réalité virtuelle avancée qui relève davantage d’un projet unique soutenu par de gros efforts financiers et humains (à plus forte raison quand le dispositif doit être maintenu).
Concevoir, produire et déployer un dispositif d’apprentissage immersif frugal
La modélisation de Campus Fab (plateforme de formation pour l’industrie du futur et laboratoire d’expérimentation) est un exemple parlant de cette approche. La « pédagogie du lieu » ici mise en œuvre devait refléter la découverte et la mise en cohérence des différents espaces à parcourir et à appréhender, chacun associé à des activités différentes, avec, pour fil rouge principal, la continuité numérique « bout-en-bout » (seamless) dans des conditions très proches de la réalité.
Cette expérimentation a permis de mettre en évidence quelques bonnes pratiques essentielles à la réussite :
- Un impératif préalable : Les objectifs pédagogiques doivent préalablement être exprimés et se doubler, en amont de la phase de captation, d’un « story-board » avec toutes les conditions de prises de vue associées à l’apprentissage immersif (plans et parties prenantes).
- Le couteau suisse en action : Progressivité et interactivité sont ensuite injectées dans le dispositif sans oublier les limitations de l’approche « low cost » déjà mentionnées.
- Une stratégie d’intégration : Le stockage et l’accès aux contenus de formation produits seront assurés, soit en direct depuis la plateforme du partenaire qui aura procuré l’outil auteur, soit sur la plateforme de formation de l’entreprise (avec les agréments de la norme Scorm — c’est ce second choix qui a été fait dans le projet Campus Fab, pour disposer d’une expérience d’apprentissage unifiée et pour se passer de créer un SSO (requis par l’utilisation d’une nouvelle plateforme).
- Une stratégie de diffusion : La solution devant être aussi accessible que possible aux apprenants, les contenus peuvent être consommés avec ou sans casque, sur le learning portal de l’entreprise ou directement dans l’application mobile. Prochaine étape : la mise en place d’une borne de démonstration en libre accès avec casques et écran de retour sur le campus de l’université.
Avec l’aimable contribution de Matthieu Esteve et de Catherine Loirant
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